Depuis quelques années, le monde médical est alerté sur le recours abusif à l’ocytocine. En effet, si cette molécule réduit significativement la durée du travail, elle ne permet pas de diminuer le nombre de césariennes, alors que, comme tout médicament, l’ocytocine peut avoir des effets secondaires. En France, comme l’a montré l’enquête périnatale 2010, l’ocytocine est utilisée dans 58 % des travails spontanés avec de fortes disparités d’un établissement à l’autre.
Quels facteurs peuvent expliquer les variations dans l’usage de cette molécule? Une étude des pratiques basée sur un cas clinique apporte quelques réponses. Travaillant sur le cas d’une primipare de 29 ans, en travail spontané à 40 semaines d’aménorrhée, sous péridurale, après rupture spontanée des membranes, dont le travail en phase active progresse lentement, 204 sages-femmes ont dû choisir entre l’expectative et le recours à l’ocytocine.
C’est après une heure de stagnation à 7 cm que 69% d’entre elles ont débuté l’ocytocine; 64% utilisent des doses supérieures aux diverses recommandations et 61% l’augmentent plus rapidement que conseillé. Près de la moitié des sages-femmes déclarent utiliser l’ocytocine quand le service est saturé ; 30% répondent à la prescription d’un médecin et 30% réfèrent un manque d’expérience. Au total, moins d’un quart des sages-femmes ont choisi de ne pas utiliser d’ocytocine.
L’administration d’ocytocine augmente significativement avec le nombre d’accouchements dans l’établissement, de naissances par salle d’accouchement, de naissances par sage-femme, et en l’absence de protocole institutionnel. Par contre, et à l’inverse de ce qu’une précédente étude a pu montrer, les années d’expérience n’ont pas d’impact.
Source: Marie Gélébart, actualité du 13 septembre
Références de l’étude: Isidore J. et Rousseau A. (2018). Administration of oxytocin during spontaneous labour: A national vignette-based study among midwives. Midwifery; 62: e214-219.